Chaque femme chef de file au Canada était autrefois une petite fille qui se demandait comment elle allait réussir dans ce vaste monde. Pour célébrer la Journée internationale des femmes, Foodbuy Canada s’est entretenu avec Suzanne Aubry, la nouvelle vice-présidente nord-américaine des ventes de services alimentaires pour Lassonde.

Suzanne Aubry, vice-présidente nord-américaine des ventes de services alimentaires pour Lassonde

Fabricant de jus basé en Amérique du Nord depuis plus de 107 ans, Lassonde compte 2 700 employés et exploite 24 usines et bureaux dans 4 provinces canadiennes et 8 États américains. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Mme Aubry dirige le développement d’une stratégie ambitieuse visant à accroître le segment des services alimentaires en Amérique du Nord. « Lassonde est une entreprise fièrement canadienne établie depuis longtemps, mais nos entreprises au Canada et aux États-Unis ne pourraient pas être plus différentes. Au Canada, nous profitons d’une importante reconnaissance de la marque, tandis qu’aux États-Unis, nos activités sont presque entièrement consacrées à des marques de distributeurs. Bien que cela puisse sembler un défi, nous voyons la situation comme une occasion de profiter des forces de chaque marché pour stimuler la croissance de l’autre. La première étape de cette stratégie consiste à lancer officiellement Fairlee, notre marque canadienne de services alimentaires, lors du prochain salon de la National Restaurant Association à Chicago. »

Enfant, Suzanne avait d’abord prévu de devenir enseignante, mais après avoir suivi quelques cours en gestion hôtelière, elle s’est découvert une passion pour ce domaine et de plus, elle a senti qu’elle avait du talent. En décrochant un emploi de représentante commerciale dès la fin de ses études dans une entreprise alimentaire locale à Montréal, Suzanne a prouvé qu’elle avait du talent. Quelques années plus tard, elle a poursuivi sa croissance en gravissant les échelons, occupant des postes de plus en plus importants. Après un passage chez Smucker’s, puis Kellogg’s, et ensuite chez un courtier en alimentation, elle s’est finalement retrouvée chez Pepsi Canada.

« J’ai beaucoup appris chez Pepsi. L’expérience a vraiment confirmé les choses pour moi. J’ai siégé au Comité consultatif sur la diversité et le président a été mon mentor durant cette période. J’ai été exposée à plusieurs expériences d’entreprise chez Pepsi qui m’ont permis de bâtir une base solide à un niveau élevé et de faire avancer ma carrière. »

De là, Suzanne est passée à la SAQ pour gérer les services alimentaires, pour le service des ventes au détail et des importations privées. « J’ai vraiment aimé travailler à la SAQ et en fait, qui n’aimerait pas ça? C’est une entreprise remarquable, un secteur diversifié (vins et spiritueux) et j’ai pu diriger des activités commerciales avec un budget de 2 milliards de dollars. »

En 2010, Suzanne a été promue pour diriger les succursales de la SAQ et ses plus de 3 000 employés syndiqués.

« Au-delà des défis quotidiens associés à la gestion des ventes et des opérations de centaines de magasins de détail, les défis sont complètement différents lorsqu’il est question des syndicats. J’ai un énorme respect pour les personnes qui gèrent les syndicats et pour les employés syndiqués. Le fait d’être une femme dirigeante dans un environnement syndiqué majoritairement masculin m’a certainement aidé à développer des forces en matière de résolution de problèmes. Ce fut une période d’apprentissage remarquable et de réflexion encore plus profonde! »

La collision entre vie personnelle et vie professionnelle

Pendant que Suzanne assumait ce rôle énorme à la SAQ, sa mère est décédée subitement. « Le décès de ma mère a bouleversé mon univers. D’une seconde à l’autre, tout s’est brisé en un seul moment. Ce décès m’a fait réévaluer toute ma vie et même plusieurs années plus tard, ma mère me manque encore tous les jours. »

« J’avais un grand bureau dans un des plus beaux et des plus prestigieux édifices de Montréal. J’avais trois adjointes administratives, dix directeurs et 20 gestionnaires de district. C’était mon emploi de rêve, mais à ce moment-là ma carrière et ma vie personnelle ne pouvaient coexister et j’ai dû prendre l’une des décisions les plus difficiles de ma vie : J’ai donné ma démission pour prendre soin de ma santé et de ma famille.

Même après tant d’années, je me souviens encore d’être restée assise dans le stationnement à essayer de me calmer avant d’entrer dans l’immeuble. Ce départ était difficile non pas parce que j’allais perdre des conditions de travail formidables avec une excellente rémunération et des avantages fantastiques. Non, le plus difficile a été de quitter ma patronne, mon amie et ma mentore Catherine Dagenais. Elle a compris pourquoi je devais prendre une pause. J’admire Catherine comme amie et comme chef d’entreprise incroyablement talentueuse, et je l’admire encore plus pour être une très bonne personne. Je n’ai pas été surprise d’apprendre qu’elle est éventuellement devenue présidente de la SAQ pour deux mandats. »

« Elle donnait récemment à Montréal une conférence sur le leadership à laquelle j’assistais, et elle m’a repérée de la scène. Son visage s’est éclairé d’un grand sourire lorsque nos regards se sont croisés. Une fois son discours terminé, elle s’est précipitée vers moi et après une longue étreinte, elle m’a regardé longuement et m’a dit : « Suzanne! Il semble que tu aies trouvé ton chemin! Je suis tellement fière de toi!! »

« Pourquoi les gens réussissent-ils? C’est évidemment à cause du talent, mais aussi à cause de dirigeants brillants, altruistes et dévoués comme Catherine qui poussent des gens comme moi plus haut qu’ils ne pensent pouvoir aller et les regardent ensuite s’envoler de leurs propres ailes. Son mentorat m’a énormément aidée et a joué un rôle déterminant dans mon parcours actuel. J’ai appris quel genre de leader je voulais devenir grâce à elle. »

Une fois les choses stabilisées avec sa famille, Suzanne a reçu un appel de Lassonde et a décidé de revenir à sa carrière avec enthousiasme. « Le plus drôle, c’est que c’était pour un poste de directrice, une position plus basse par rapport à mes postes précédents, mais d’une manière étrange, j’avais l’impression de rentrer au bercail. J’ai assumé le poste pour le Québec et, deux ans plus tard, j’ai été promue au poste de vice-présidente pour diriger les opérations dans le pays. Je travaille chez Lassonde depuis près de treize ans, et oui, j’ai l’impression d’avoir trouvé ma place. »

Nous avons demandé à Suzanne de nous décrire les défis auxquels elle était confrontée en tant que femme dans le secteur des services alimentaires. Elle nous a parlé d’une expérience malheureuse, mais mémorable. « Je n’oublierai jamais mes premiers jours au travail. La personne que je remplaçais m’a prise à part et m’a avertie de ne pas porter de jupe lorsque je rencontrais un certain client. Je n’ai pas entièrement saisi l’importance de ce conseil à l’époque. J’étais jeune, impatiente et prête pour une discussion professionnelle axée sur les affaires. Cependant, lors de la réunion, le client a eu un comportement totalement inapproprié. Il a mis sa langue dans mon oreille. J’ai figé. Gênée et dépassée par cet événement, j’ai pris mon cartable et je suis sortie de la pièce. Je n’en ai jamais parlé à mon patron. Je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit. Avec le recul, je sais que j’aurais géré la situation très différemment aujourd’hui.

Le monde a changé. Les jeunes femmes entrent maintenant sur le marché du travail avec confiance, elles sont mieux sensibilisées et elles ont le courage de se défendre. En 2025, je ne peux pas imaginer qu’une telle situation passe inaperçue, et si c’était le cas, je n’ai aucun doute que les jeunes femmes d’aujourd’hui sauraient exactement comment réagir. »

Nous avons demandé à Suzanne quels conseils elle donnerait aux femmes qui désirent travailler dans les secteurs des services alimentaires et de l’hôtellerie. « Soyez conscientes de ce que vous apportez à la table et ayez confiance en votre valeur. Faites confiance à votre voix intérieure et sachez quand il est temps de partir et d’évoluer dans un nouveau rôle. Je ne peux pas vous dire quand ça s’est produit… à quel moment j’ai réalisé que mon identité est passée de « la jolie fille »’ à « la fille intelligente », mais si je pouvais refaire mon parcours, je voudrais que ce changement se produise beaucoup plus tôt. Fiez-vous à vos forces, c’est-à-dire votre intelligence, votre résilience et votre détermination. »

L’histoire de Lassonde est ancrée dans la découverte de la valeur qui se cache sous nos yeux. Il y a plus de 100 ans, les fondateurs Aristide Lassonde et sa femme Georgianna Darcy ont aidé les agriculteurs de leur localité à utiliser leurs cultures excédentaires de façon rentable. Suzanne bâtit ses équipes de la même façon : « Ma passion consiste à trouver et à inspirer les gens à profiter de leurs talents cachés ou sous-utilisés. Lorsque j’ai commencé à travailler, j’étais la seule en talons hauts à participer à des salons professionnels dans une équipe qui comptait moins de 10 % de femmes. Aujourd’hui, nos équipes comptent plus de 60 % de femmes et nous nous épanouissons. »

Nous lui avons demandé ce qu’elle perçoit comme étant ses défis pour l’avenir. « J’ai hâte d’apprendre à connaître le marché américain, de m’impliquer dans les capacités de la production et de comprendre notre chaîne d’approvisionnement. La chaîne d’approvisionnement est devenue aussi importante que les relations que nous établissons. »

Le défi de créer, de lancer et de gérer une unité commerciale en Amérique du Nord est un énorme projet. Les défis importants seront nombreux en cours de route, mais sous la direction de Suzanne, Lassonde pourra certainement continuer à croître.

 

 

 

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